Lire Carl Gustav Jung : par quel livre commencer ?
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“J’ai découvert Carl Gustav Jung, et je me sens proche de sa façon de penser. Mais quel livre me conseillez vous pour commencer ?”
On me pose souvent cette question. Dans cet article je vais vous proposer cinq livres qui sont très bien pour démarrer. Trois livres écrits par des spécialistes de l’œuvre de Carl Gustav Jung, et puis les deux livres de Jung qui me semblent les plus faciles d’accès.

I] Carl Gustav Jung : par quel livre commencer ?
A) Pourquoi avez vous du mal à vous repérer parmi les livres de Jung ?
Vous avez découvert Carl Gustav Jung et son univers vous parle. Vous avez envie d’aller plus loin dans la connaissance de ses concepts car vous sentez que sa pensée résonne en vous et peut vous éclairer.
Néanmoins, lorsque vous ouvrez l’un de ses livres, vous êtes un peu désemparé. Ça a l’air compliqué… Et puis, vous ne savez pas par quel livre commencer… D’autant plus qu’il ne nous a clairement pas aidé à nous repérer, tonton Jung : les titres de ses livres se ressemblent tous !
“Psychologie de l’inconscient”, “Dialectique du moi et de l’inconscient”, “Les Racines de la conscience”, “Métamorphose de l’âme et de ses symboles”, “L’Âme et la Vie”, “L’Âme et le Soi”…
Qu’on se le dise : aucun de ces titres ne nous informe concrètement sur ce qu’on va trouver à l’intérieur. On sait juste à chaque fois que ça va parler de l’âme, de la conscience, de l’inconscient… Bref, de psychologie !
Alors le constat est là : Jung était passionnant, inspiré et prolifique, d’une culture générale et d’une intelligence impressionnante, mais il n’avait pas l’air de se soucier de trouver des titres éloquents… Ses éditeurs et ses traducteurs non plus !
B ) Pourquoi lire Jung a l’air compliqué?
La pensée de Carl Gustav Jung est à mon sens pleine de bon sens et en ce sens très “logique”, mais exprimée dans un style parfois compliqué. En effet, Jung a une pensée arborescente et une culture générale immense, et ainsi il peut parfois perdre le lecteur en enchaînant des allusions à la littérature allemande, indienne, ou à la mythologie et à la religion. A ce moment-là, si on n’a pas ces références, on peut être rapidement tenté de décrocher.
C’est pourquoi je m’efforce de vulgariser ses concepts dans mes articles, c’est-à-dire de les expliciter dans un langage le plus simple possible et avec des exemples concrets.
A l’inverse, les écrits de Sigmund Freud sont plus simples à lire. Ses textes sont mieux structurés, mais ses concepts sont plus compliqués à assimiler finalement, car plus “techniques”.
Je vais donc vous proposer d’entrer d’abord dans la littérature jungienne non pas par ses textes à lui, mais par des livres écrits par des spécialistes de Jung très doués pour faire des livres simples à propos de sujets apparemment compliqués.
II ] Les livres que je recommande pour s’initier à la pensée de Carl Gustav Jung
J’ai choisi trois livres:
- “Introduction à la psychologie de Jung”, de Friedha Fordham (1953)
- “Jung, Explorateur de l’esprit”, de Carole Sedillot (2018)
- “Jung, Un voyage vers soi”, de Frédéric Lenoir (2021)
A) Friedha Fordham : « Introduction à la psychologie de Jung »

Le premier livre de vulgarisation validé par Jung lui-même
Ce livre est incontournable car c’est un livre écrit du vivant de Jung et qui a été relu par lui et sa femme Emma. Friedha Fordham a entrepris de synthétiser les concepts de Jung et il a reconnu la qualité de son travail. Il en a écrit lui-même la préface. Je cite Jung :
“Frieda Fordham a entrepris la tâche, difficile sous tous les rapports, de présenter un résumé clair de mes diverses tentatives pour comprendre mieux, et d’une façon plus large, la psyché humaine. Comme je ne peux prétendre avoir atteint quelque théorie précise expliquant l’ensemble, ou même la plus grande part des complexités psychiques, mon œuvre consiste en une série d’approches différentes ou, pourrait-on dire, en une circonvolution autour de facteurs inconnus. Exposer d’une façon claire et simple mes idées est, par conséquent, pour le moins ardu.” Carl Gustav Jung dans la préface d’Introduction à la psychologie de Jung, Friedha Fordham, 1953.
Un exercice ardu : faire un livre court à partir de l’importante littérature jungienne
Les chapitres traitent des apports jungiens à la recherche en psychologie par thèmes : “Les types psychologiques”, “Les archétypes de l’inconscient collectif”, “Religion et processus d’individuation”, “La psychothérapie”, “L’interprétation des rêves”, “Psychologie et éducation”… Et “Jung par lui-même, esquisse d’une biographie”, chapitre qui sera ajouté dans les rééditions suivant la parution de la biographie “Ma Vie, souvenirs, rêves et pensées” co-écrite par Jung et Aniéla Jaffé.
Le livre est très court (167 pages en comptant le glossaire) et, en cela, Friedha Fordham réussit à prouver à Jung qu’il était possible d’essentialiser sa pensée. La tâche était audacieuse, “d’autant qu’il n’était pas particulièrement favorable aux vulgarisations de son œuvre” écrit-elle. Ce que Jung reconnaît dans les dernières lignes de la préface qu’il signe :
“Elle a présenté de façon simple et satisfaisante les principaux aspects de mon oeuvre psychologique. Je luis dois beaucoup pour ce travail admirable.” Carl Gustav Jung dans la préface d’Introduction à la psychologie de Jung, Friedha Fordham, 1953.
B) Carole Sédillot : « Jung, Explorateur de l’esprit »

Une autrice actuelle à connaître
Carole Sédillot est formatrice et conférencière. Pour avoir suivi l’une de ses formations, et l’avoir accompagnée à Zurich pour un voyage sur les chemins de Jung, je peux vous dire qu’elle a un réel don pour transmettre avec beaucoup de simplicité tout en ayant une grande exigence quant à la qualité de ses enseignements, transmis avec beaucoup d’humour et de profondeur. Elle a écrit énormément de livres sur la psychologie analytique.
J’ai choisi ce livre “Jung, Explorateur de l’esprit”, paru en 2018 aux Éditions Dervy, et préfacé par Frédéric Lenoir.
Un livre sur Jung qui marie les mots et les couleurs, le fond et la forme
Ce livre est très beau tout d’abord, illustré par Thierry Gaufillet. Les illustrations en couleur en font un petit bijou, chaque illustration mettant en valeur les textes, à moins que ce soit l’inverse… Image et textes marchent ensemble dans ce livre, à l’image du fameux « Livre Rouge » de Jung, où la couleur et la calligraphie sont entrelacés. Il y a également des schémas qui aident à comprendre des dynamiques importantes de l’inconscient, et même une petite bande dessinée pour illustrer les enjeux dans les relations sociales entre individus qui n’ont pas les même types psychologiques.
Ce livre est donc très complet, et sa particularité est de se terminer sur une initiation à l’alchimie, avec un accompagnement autour des images de deux ouvrages emblématiques : le « Rosarium Philosophorum » (auteur anonyme Francfort 1550), et le « Mutus Liber » (Pierre Savouret, La Rochelle, 1677).
C) Frédéric Lenoir: « Jung, Un voyage vers soi »

En publiant en 2021 son livre “Jung, Un voyage vers Soi” chez Albin Michel, Frédéric Lenoir a permis à beaucoup de nouveaux lecteurs de découvrir l’univers de Carl Gustav Jung.
Jung psychologue-philosophe
Auteur de renom, la patte de Frédéric Lenoir est bel et bien son œil de philosophe qui lui permet de dégager, de l’histoire d’un homme, le parcours philosophique et donc existentiel que dessine sa trajectoire.
Ainsi ce livre est un voyage, ainsi que l’annonce le titre, où l’on va suivre Jung de façon chronologique. On verra comment les concepts qui vont former la psychologie analytique, vont apparaître au gré des événements, sur son chemin de vie, et comment sa littérature se nourrit à la foi de son vécu intime en tant qu’homme, de ses observations cliniques en tant que médecin psychiatre, et de ses recherches en tant qu’intellectuel.
Jung humain
La première partie du livre est structurée comme une biographie, sans prétention d’exhaustivité, et en ce sens Lenoir prend appuie sur la biographie “Ma Vie, Souvenirs, rêves et pensées” de CG Jung et d’Aniéla Jaffé. Au fur et à mesure que Jung grandit sous les yeux du lecteur, ses découvertes en psychologie sont explicitées comme une conséquence logique d’une expérience intérieure.
La seconde partie du livre traite les concepts de façon thématique, avec un accent mis sur le spirituel et le religieux, le rapport au sacré.
Frédéric Lenoir n’hésite pas à évoquer les zones d’ombre du personnage, ses polémiques, ses moments de traversée du désert. Et c’est tant mieux! Ce faisant, il nous le rend très accessible et profondément humain.
Pour la popularité de Jung auprès du public français, il y a clairement un avant et un après le livre de Lenoir.
III ] Lire un premier livre de Carl Gustav Jung : lequel ?
Maintenant, si vous souhaitez commencer par lire Jung directement, je vous suggère de vous procurer ses deux livres :
- “Ma Vie, Souvenirs, rêves et pensées”, CG Jung et Aniela Jaffé (1961)
- “L’Âme et la Vie”, CG Jung (1963)
A) « Ma Vie, Souvenirs, rêves et pensées », CG Jung et Aniela Jaffé

Un livre biographique à deux mains
Ce livre était d’abord censé être une biographie, entreprise par Aniela Jaffé. Jung a alors 84 ans. Il finit par se prêter au jeu, et reprend lui-même certaines parties du texte, en écrit d’autres aussi… Le livre final est donc écrit à deux mains.
C’est un livre important car Jung, vieillissant, fait un véritable travail d’introspection, en se plongeant au plus loin dans ses souvenirs.
On le découvre enfant, renfermé et colérique, on le découvre adolescent à la santé fragile, absentéiste à l’école. Et puis finalement, étudiant sérieux, homme séducteur, ambitieux. On le découvre aux prises avec son Ego, on assiste aussi à sa chute dans la dépression. On traverse avec lui sa difficile rupture avec Freud, son rapport craintif à sa mère, le décalage ressenti face à son propre père.
On construit la tour de Bollingen avec lui, on voyage aux Etats-Unis, en Afrique et en Inde… Bref, Jung nous emporte dans ses souvenirs et ses pensées. Mais aussi dans ses rêves ! Car les rêves, il est bon de le rappeler, ont une place centrale en psychologie analytique, et Jung a raconté beaucoup de ses rêves dans ses ouvrages. Dans celui-ci particulièrement.
Il y a des rêves d’enfance, des rêves initiatiques donc, et puis des rêves prémonitoires, des rêves spirituels…
Raconter sa Vie = écrire son mythe
Cette biographie n’en est pas vraiment une au sens strict du terme. Jung relit les écrits de Aniela Jaffé, et il sélectionne les sujets dont il veut parler. Il fait l’impasse sur ce qu’il ne juge pas intéressant, anecdotique, ou trop contrariant… En fait ce qui l’intéresse c’est d’analyser le processus de sa vie et la façon dont ses propres révélations intérieures ont dessiné son chemin.
C’est annoncé et assumé dès la première page du prologue :
“Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa réalisation. Tout ce qui git dans l’inconscient veut devenir événement et la personnalité, elle aussi, veut se déployer à partir de ses conditions inconscientes et se sentir vivre en tant que totalité. Pour décrire chez moi ce devenir tel qu’il a été, je ne puis me servir du langage scientifique; je ne puis m’expérimenter comme problème scientifique.
Ce que l’on est selon son intuition intérieure et ce que l’homme semble être sub specie aeternitatis, on ne peut l’exprimer qu’au moyen d’un mythe. Celui-ci est plus individuel et exprime la vie plus exactement que ne le fait la science. Cette dernière travaille avec des notions trop moyennes, trop générales, pour pouvoir donner une juste idée de la richesse multiple et subjective d’une vie individuelle.
J’ai donc entrepris aujourd’hui, dans ma quatre-vingt-troisième année, de raconter le mythe de ma vie. Mais je ne puis faire que des constatations immédiates, “raconter des histoires”. Sont-elles vraies ? Là n’est pas le problème. La question est celle-ci : est mon aventure, est-ce ma vérité ?”
Ainsi à la fin de sa vie, Jung se fait conteur. Il ne tombe pas dans l’illusion de l’objectivité, il se raconte en revendiquant sa subjectivité. Il écrit son propre “mythe”.
B) « L’Âme et la Vie », CG Jung (recueil de textes sélectionnés par Jolande Jacobi)

Un recueil de textes de Jung, validé par Jung
“L’Âme et la Vie” est paru en 1963 en langue française aux Éditions Buchet/Chastel. Il s’agit d’un recueil de textes de Jung réunis par l’analyste jungienne Jolande Jacobi qui fut l’une de ses grandes collaboratrices. La sélection des textes a eu lieu en 1945, soit du vivant de Jung, et celui-ci a validé cette sélection.
L’édition de 1995 au livre de poche est préfacée par Michel Cazenave, grand spécialiste de Jung lui aussi, qui nous a quittés en 2018.
Un petit livre avec l’essentiel des concpets de Jung sauf la période “alchimique”
C’est vraiment le petit livre que je conseille à mes étudiants du Labo du Rêve pour commencer, car ça permet de découvrir le style de Jung, sans pour autant attaquer avec un livre entier.
Ce n’est donc pas un ouvrage de vulgarisation, il s’agit d’extraits choisis. Les textes sélectionnés sont parfaits pour évoquer les grands concepts jungiens. Le recueil ayant précédé ses travaux sur l’alchimie, ce qu’on appelle “le dernier Jung”, il n’est donc pas fait mention des recherches qui le passionnèrent à la fin de sa vie.
Et c’est tant mieux ! Pour commencer, il ne faut pas commencer par la fin.
Je citerai Michel Cazenave :
“ De ce point de vue, l’Âme et la Vie est déjà une introduction au monde jungien qui permettra de se mettre en route dans de bonnes conditions pour l’ultime continent de son oeuvre.”
Merci de m’avoir lue !
Faites de beaux rêves et notez les !
Léa Le Gall
Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung
Voir la chaîne YT de Léa Le Gall
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