10 idées reçues sur le rêve : vous les avez forcément déjà entendues (et elles sont fausses)

Ah là là, les idées reçues sur le rêve! On en trouve à la pelle ! Les gens ont tous un avis sur le rêve : « Moi je sais juste que le rêve est vital… », « Moi je sais que si on rêve qu’on perd une dent, ça annonce le décès d’un proche… », « Moi je sais que les mauvais rêves, faut pas les raconter, ça porte malheur… »

Ces idées reçues sur le rêve, comme toutes celles qui existent de manière générale, ne sont pas sorties du chapeau. Elles ont une histoire et si elles sont tenaces, ce n’est pas pour rien. Dans cet article je vous propose de faire le tour de 10 idées reçues sur le rêve. Vous en avez forcément déjà entendu au moins une ou plusieurs.

S’il y a d’autres idées reçues sur lesquelles vous souhaiteriez avoir mon avis, que je n’aurai pas abordées ici, laissez moi un commentaire afin que je prévois une suite à cet article

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Idées reçues sur le rêve qui ont l’air rationnel (mais ne le sont pas) :

1) Le rêve n’est pas un bug du cerveau

Cet humain alors, dès qu’il ne comprend pas un phénomène, son réflexe est de se dire : c’est une erreur 404. Mais notre cerveau « bug » t-il quand on dort ? Non, il n’y a aucun début de preuve scientifique allant dans le sens qu’il y a un bug au moment du rêve. Un cerveau ne « bug » pas. On ne peut pas expliquer tout ce qu’on ne comprend pas en soupçonnant un problème informatique dans la matière grise…

En fait, le souvenir d’un rêve nous laisse une impression curieuse. Lorsqu’on n’arrive pas à comprendre pourquoi on a rêvé de quelque chose, quel est le sens à cette histoire, on se dit qu’il doit y avoir une erreur. Et de fait, l’apparence farfelue du rêve va à l’encontre de la logique traditionnelle. Ainsi, si on juge de la pertinence du rêve avec notre mental, ce qui n’a pas l’air rationnel du point de vue du mental est déclassé. Mais c’est normal que le mental cherche à se débarrasser du rêve. Le mental veut contrôler. Or le rêve échappe au mental : il se crée sans lui.

On sait aujourd’hui que le rêve est un témoin naturel de l’activité de la pensée pendant le sommeil. L’activité cérébrale est différente pendant le sommeil, donc la pensée produite n’est pas filtrée par le prisme de la réflexion, étant donnée que le lobe frontal du cerveau est désactivé.

Mais on observe aussi que les zones qui relient aux émotions s’activent pendant le rêve comme pendant la vie éveillée. Le rêve est donc une vraie expérience nocturne et non pas un bug inopiné. Le rêve aide à la gestion des émotions, des événements, il nous entraîne à sa manière allégorique à affronter les défis qui nous attendent.

Le rêve n’est donc pas non plus un délire hallucinatoire du cerveau endormi

Théorie en vogue pendant le XIXème siècle mais aujourd’hui infirmée. La théorie du rêve-hallucination séduisait les artistes, qui allaient puiser dans le rêve des sources d’inspiration. Elle convenait surtout aux matérialistes qui à l’époque n’avaient pas d’outils pour mesurer l’activité cérébrale pendant le rêve. Cette théorie du rêve hallucination a la vie dure.

Ce qui est vrai c’est qu’on considère le rêve comme un état modifié de conscience. Mais pas un été hallucinatoire. Le rêve peut avoir l’apparence d’un délire, du fait de son absurdité apparente. Mais en réalité ce côté farfelu s’explique par le fonctionnement du cerveau à ce moment là, qui n’est pas le même que lorsqu’on construit une pensée consciente, lorsqu’on est réveillé.

2) Le rêve n’est pas vital

Ca aussi on l’entend beaucoup, mais ce n’est pas vrai ! Le souci avec ces idées reçues sur le rêve c’est déjà de savoir de quel genre de rêves on parle ? Car selon la phase du sommeil on aura des rêves plus ou moins riches, plus ou moins réalistes… La pensée continue à travailler pendant le sommeil, et à tous les stades du sommeil on peut avoir des rêves.

Les idées reçues dans cette article visent principalement les rêves oniriques. Les rêves « fous », ceux qui semblent tout droit sortis d’un roman de fantaisie, c’est à dire ceux du sommeil paradoxal. Or, on peut supprimer le sommeil paradoxal, à cause d’une lésion ou de la prise de substances, de médicaments. Et donc on peut supprimer les « rêves oniriques ». Ils ne sont pas vitaux.

L’idée de cette fausse croyance est que grâce au rêve, le cerveau évacue les pensées inutiles. Donc le rêve serait vital car si on ne rêve pas, notre cerveau se retrouve surchargé et on risque de mourir. Faux bien sûr. On peut mourir si on ne dort pas. Mais on peut dormir sans rêver.

3) Le rêve ne correspond pas à un état de sommeil léger

Sigmund Freud le croyait, comme tout le monde à son époque. Et c’est une des raisons pour laquelle il a fait du rêve le « gardien du sommeil ». Ce n’est qu’au milieu du XXème siècle qu’on a pu enregistrer les ondes cérébrales et découvrir les différents stades du sommeil. En réalité on peut avoir des rêves ou des visions à tous les stades du sommeil. Mais le rêve onirique, c’est à dire le rêve symbolique, celui qui est le plus intéressant à interpréter, celui qui intéressait Freud, survient pendant le sommeil paradoxal, soit dans un état de sommeil particulièrement profond. Cet état est paradoxal parce que le corps est paralysé mais l’activité cérébrale intense.

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4) On ne bouge pas quand on rêve

Pendant le sommeil paradoxal, on ne peut pas bouger. Le corps est totalement figé, excepté des mouvements oculaires rapides – d’où l’autre nom du sommeil paradoxal : le sommeil REM (Rapide Eye Movement). Donc pendant un rêve onirique, impossible de bouger. Heureusement d’ailleurs car pendant les rêves oniriques, on fait des choses folles. On peut voler par exemple. Si à ce moment là on était somnambule, ce serait dangereux !

Donc si on bouge et si on parle en dormant : c’est qu’on est en train de faire un rêve d’une phase de sommeil lent. Un rêve plus réaliste, plus en lien direct avec notre vie de tous les jours. D’ailleurs si on réveille la personne à ce moment là et qu’on lui demande à quoi elle rêvait, on aura un récit assez proche de situation de la vie quotidienne. Idem pour le somnambulisme qui survient pendant le sommeil lent profond.

5) Le rêve n’est pas l’accomplissement déguisé d’un désir refoulé

C’est le cœur de la théorie freudienne du rêve et malheureusement c’est faux. Un rêve est un moyen de chercher des solutions à nos défis du moment. La théorie de Freud voulait que le rêve soit une pensée qui se déguise pour s’exprimer sans heurter les principes de la personne. Cette idée de travestissement du rêve est centrale dans sa théorie. Or c’est faux. L’originalité voire l’excentricité de certains rêves ne tient pas à une embrouille de l’inconscient qui cherche à déjouer notre vigilance. C’est simplement l’activité cérébrale pendant la nuit qui explique que le rêve est bizarre, différent de nos pensée ordinaires.

Carl Gustav Jung a contesté les idées reçues sur le rêve. Pour Jung, le rêve était un processus naturel. Donc il n’y a pas de ruse là dedans, pas de déguisement. Donc pas de désir refoulé caché dans chaque rêve. Les connaissances actuelles en hypnologie lui donnent raison.

Voilà pour les principales idées reçues sur le rêve, qui revêtent une allure rationnelle et sont communément admises hélas. Ce n’est pas parce qu’une explication a l’air rationnel qu’elle est vraie. Voyons maintenant deux autres idées reçues sur le rêve, dans un genre différent parce qu’elles trouvent leur origine dans notre héritage religieux.

Idées reçues sur le rêve dont l’origine est religieuse : 

6) Le rêve ne nous est pas envoyé de l’extérieur

On retrouve cette idée dans les religions monothéistes mais également dans les religions polythéistes qui les ont précédées. Pour les grecs et les romains, le rêve était envoyé par les dieux. A travers le rêve les dieux pouvaient envoyer des informations aux hommes, pour les guider mais aussi pour les tromper. Car les dieux gréco-romains ne sont pas tous blancs. A l’image des hommes, ils sont aussi parfois mesquins et impulsifs, voire carrément méchants.

A partir du christianisme, puis bientôt de l’Islam, on a eu un souci : Dieu n’était plus qu’amour. Alors comment justifier les mauvais rêves, les rêves gênants voire horribles ? Et de manière générale, comment résoudre la question du Mal dans le monde. Comment le Mal peut cohabité avec un dieu qui n’est qu’amour et qui n’a pas de mal en lui ?

On a inventé le concept du diable, Lucifer l’ange déchu, Satan… Ainsi les rêves continuaient à être envoyés aux hommes de l’extérieur, parfois par dieu, parfois par le diable.

En psychologie analytique, on s’en fiche un peu de ce débat : le rêve vient il de l’intérieur ou de l’extérieur ? C’est une question qui touche à la métaphysique, la philosophie, la spiritualité, et à laquelle chacun répondra en fonction de ses propres croyances. On accueillera le message qui nous est dit en rêve, peu importe qu’il soit envoyé de l’âme, donc de l’intérieur de notre être, ou de l’univers, donc de quelque chose qui nous est extérieur. De toute manière, l’âme, l’univers, l’intérieur, l’extérieur… C’est pareil ! 😉 On appellera l’endroit d’où proviennent les rêves « l’inconscient » pour s’entendre et respecter les croyances de chacun. Le mot « inconscient » permet de s’intéresser à la psyché de l’individu, au message du rêve qui a un conseil à lui donner et c’est la raison qui le pousse à s’y pencher.

7) Les rêves désagréables, négatifs ne portent pas malheur

C’est la suite logique de la croyance précédente : si un rêve désagréable, un cauchemar, est l’oeuvre du diable. Alors gare à ne pas le raconter ! Le malin vient en rêve nous tenter ! C’est pourquoi les chrétiens et les musulmans ne raconteront pas leurs mauvais rêves.

C’est dommage car en psychologie analytique, on sait qu’un rêve en apparence négatif est rarement mauvais en soi. Son apparence négative, sa charge émotionnelle effrayante parfois, est bien souvent le signe de quelque chose qui n’accède pas à la conscience. Ce qui n’est pas éclairé par la connaissance demeure dans l‘Ombre et prend des airs obscurs. Mais les rêves perturbants sont les plus intéressants à interpréter. Il sont efficaces pour dépister une problématique, ses enjeux, et les solutions pour y remédier.

Maintenant je vous invite à découvrir les trois dernière idées reçues sur le rêve, qui faussent malheureusement le rapport qu’on entretient à l’analyse des rêves, et décrédibilisent l’onirologie.

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Idées reçues sur le rêve et son interprétation : 

8) L’interprétation des rêves n’est pas un art divinatoire

La divination par le rêve se dit « oniromancie ». L’onirologie est l’étude des rêves. L’étude des rêves conduit à maîtriser l’art de l’interprétation des rêves. Mais le but de l’interprétation des rêves n’est pas d’avoir le contrôle sur l’avenir, c’est d’être plus conscient de soi au présent, plus responsable de sa vie.

Certains rêves cherchent à résoudre une blessure du passé, d’autres sont plus des recherches de solutions pour se préparer à la suite. Donc il y a une dimension prospective du rêve, simplement parce que le rêve nous relie à notre intuition, capable d’un grand discernement sur la tournure des événements. Les rêves prémonitoires existent eux aussi. Mais réduire le travail du rêve à un support de divination c’est passer à côté de son essence : le rêve est un messager de l’âme, de l’inconscient. Il marche avec nous si nous sommes capables de nous mettre à l’écoute de notre âme et d’agir en conscience. Interpréter ses rêves, c’est donc chercher à avoir un regard lucide sur les choses. C’est s’enquérir de l’avis de notre inconscient pour être un maximum aligné avec son Soi, son être profond.

Donc pour moi, le rêve ne doit pas être attendu comme un moyen de divination, mais comme un allié dans le processus d’individuation. Autrement dit devenir qui on est, épanouir son plein potentiel, prendre ses responsabilité, marcher sur son chemin les yeux ouverts.

Seulement, pendant des siècles l’interprétation des rêves a été interdite en France et les seuls qui s’y risquaient étaient les médiums – à leur risque et péril. C’est pourquoi l’analyse des rêves reste encore dans les esprits fortement associé à un travail de médiumnité.

9) L’interprétation des rêves n’est pas une pratique réservée aux psychanalystes

L’onirologie existe depuis des milliers d’années. Les hommes n’ont pas attendu la psychanalyse pour faire parler les messages de leurs rêves. La psychanalyse a eu le mérite de réhabiliter le rêve, à une époque où on le qualifiait de simple « délire hallucinatoire », de « bug du cerveau ». La psychanalyse a fait entrer le rêve en psychologie.

Mais la psychanalyse a eu tendance, et c’est normal, de suivre la méthode freudienne d’interprétation des rêves à la lettre. Or Freud s’est trompé sur de nombreux points. La psychanalyse a eu beaucoup de succès au XXème siècle, c’était une petite révolution. Ainsi si pendant longtemps on a cru que pour donner du sens à ses rêves, il fallait s’allonger sur le divan d’un psychanalyste freudien ou lacanien, aujourd’hui le métier d’onirologue tend à revenir.

Après des siècles de chasse aux sorcières, on recommence à s’intéresser à la psychologie du rêve, sans prêter allégeance à Freud, et sans hibou et boule de cristal. Et on redécouvre les travail de Jung qui collent beaucoup plus à la réalité du rêve et aux récentes découvertes scientifiques.

10) Avec un dictionnaire des rêves, tout le monde peut y arriver

Tout le monde peut interpréter les rêves ? Oui ! Oui, mais avec un dictionnaire des rêves : non. Utiliser un dictionnaire des rêves c’est un peu comme aller sur doctissimo pour s’essayer à un auto-diagnostic. On va regarder pour chaque symptôme toutes les maladies possibles, et à la fin on est juste totalement angoissé. On a expérimenté le côté hypocondriaque de la question, et si parfois on tombe par un heureux hasard en plein dans le mille, la plupart du temps on va surtout s’inventer des maladies imaginaires et avoir encore plus de symptômes.

Donc oui tout le monde peut apprendre à interpréter ses rêves et les rêves des autres. Comme pour tous les savoirs faire d’ailleurs. Tout le monde peut apprendre à cuisiner, à coudre, à peindre, à faire des maths, de la bachata… Ca ne veut pas dire que tout le monde a envie d’apprendre la bachata ! Donc la bonne question pour savoir si vous pouvez réussir à apprendre à interpréter les rêves, c’est la suivante : avez-vous envie d’apprendre, vraiment envie? Est-ce que vous êtes enthousiaste à l’idée de décoder les messages de vos rêves ? Si la réponse est oui, alors go !

Tout le monde peut y arriver à condition d’avoir le gout, la patience et l’amour du travail. Il faut aimer apprendre, aimer s’entraîner, et aimer être déstabilisé et repousser les limites de sa safe zone. Car sans plaisir, il n’y aura jamais de talent 😉

Si vous souhaitez apprendre à interpréter les rêves, cliquez ici.

Voilà pour cet article visant à déconstruire 10 idées reçues sur le rêve. Impossible de parler de toutes les fausses croyances concernant le rêve : il y en a un paquet ! Alors n’hésitez pas à me dire en commentaire s’il y a d’autres idées reçues sur le rêve que vous souhaiteriez tirer au clair. Je me les noterez pour un prochain article 🙂

N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire!

Faites de beaux rêves et notez les !

Léa Le Gall


Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung

Voir la chaîne YT de Léa Le Gall


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Catégorie(s) : Interprétation des rêves


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