Rêver de serpent

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Rêver de serpent peut être le moyen d’aborder la pulsion de vie, le vice, le danger, le soin… Voici trois rêves sur ce symbole inquiétant.

Il semblerait que tout le monde aura une fois dans sa vie fait cette expérience déstabilisante : rêver d’un serpent. Ne serait-ce qu’à en juger par le nombre impressionnant de requêtes mensuelles sur internet. Pourquoi ? Je n’ai pas la réponse exacte. Il semblerait que le serpent soit un support de l’inconscient collectif très intéressant pour rendre compte des conflits intérieurs.

Rêver de serpent : quand un symbole très paradoxal s’invite en rêve

J’ai toujours trouvé le serpent esthétique. J’ai eu pendant quinze ans une bague en serpent qui hélas s’est fendue. Pourtant je prendrai mes jambes à mon coup si j’en croisais un en randonnée (faut me voir marcher en tapant du pied comme une folle dès que les herbes sont trop hautes).

A un moment, j’avais un amoureux qui avait des serpents. Ils ne me plaisaient pas du tout, en plus de me faire de la peine car je suis contre les animaux en cage. Et le vivarium d’appartement est un concept à faire pâlir qui est un peu sensible au bien-être animal… Quand c’était le jour de leur repas je fuyais car c’était vraiment un spectacle qui me terrifiait. Et pourtant, j’ai toujours eu cette bague en serpent au doigt. Les premiers paradoxes insolubles sont les siens, n’est-ce pas ?

Cet article fait partie de la rubrique intitulée « Le faux dictionnaire des rêves ». Parce que je ne valide pas le principe des significations standardisées et généralisables. J’explique pourquoi dans un article que vous trouverez en cliquant ici. Si vous avez tapé « rêver de serpent » et que vous lisez cet article, c’est probablement parce que vous n’avez pas trouvé satisfaction dans un dictionnaire des rêves.

rêver de serpent
Le serpent de votre rêve : mauvais signe ou allié ?

Le serpent : un symbole aussi puissant qu’ambigu

Rêver de serpent pour Freud ? Facile !

Il est facile de s’imaginer ce qu’aurait dit Freud de la symbolique du serpent : long, dur, lisse… Voilà un candidat parfait pour représenter le sexe masculin ! Certes mais ce n’est pas la seule possibilité. La conception freudienne du symbole est très particulière. Si vous en doutez, je vous invite à jeter un œil à la clé des songes sexuelle que Freud nous présente dans son livre « L’interprétation du rêve » dont tout le monde parle mais que peu ont vraiment lu.

Rêver de serpent pour un catholique ? Facile !

Spontanément, le serpent sera pour une personne comme moi qui ai reçu une éducation chrétienne : l’adversaire de la genèse (et du Livre de la jungle de Rudyard Kipling bien sûr!). Il sera associé au danger, à la tentation, à la séduction, à la duplicité, au vice… En un mot au Mal qui provoque la chute d’Adam et Eve. L’élément perturbateur de l’harmonie idéelle (idéelle oui, plus qu’idéale!).

Il faut alors remonter au concept du Mal dans la religion catholique pour comprendre la lecture de la genèse telle que la transmet l’Eglise. Les chrétiens ont inventé le diable pour incarner le Mal, les ténèbres, créant en même temps un monde dichotomique (que l’on retrouve aussi en Islam). Grâce au diable, le mal n’était plus en l’homme, mais l’homme était tenté par le diable. C’est un exemple remarquable de projection de processus psychiques. L’adversaire, le danger, ne vient plus de Soi-même, de ses actions, de ses réactions, de ses désirs… Le danger, le Mal est dans le monde extérieur, une menace qui plane et il faut faire attention à lui.

Pour la psychologie analytique ? Ca dépend… (moins facile déjà)

En psychologie analytique, on ne parlerait ni du diable ni des enfers, ni du Mal de manière manichéenne : on parlerait de l’Ombre. L’Ombre désigne l’endroit de la psyché recelant tout ce qu’on ne comprend pas, ce qu’on ne connait pas, et toutes les structures de pensée et les élans qui n’ont pas été mis en lumière. Or l’Ombre, c’est à dire ce que l’on ne connait pas de soi et du monde qui nous entoure, l’étranger avec lequel on cohabite et qui s’appelle notre inconscient, n’est pas mauvaise intrinsèquement. L’Ombre recèle certes les élans obscurs, mais elle contient aussi toute la richesse de la personnalité, des ressources et des qualités. Dans cette conception le serpent en tant qu’adversaire devient un messager du Soi. Il est un adversaire tant qu’on le traite comme tel. Il est un étranger tant qu’on ne s’intéresse pas à lui.

Pour un égyptien de l’antiquité : complexe

Pour un égyptien du temps des pyramides, il avait aussi un pouvoir de protection. Les pharaons portaient un cobra sur leur coiffure pour se protéger des complots.

Hippocrate, ce chaman !

Pour un chaman d’Amérique latine, comme pour un prêtre du temple d’Epidaure et jusque sur le bâton d’Hippocrate, il figurait le soin, l’eau. Ce qui se faufile. Le symptôme et en même temps le remède.

Rêver de serpent fait souvent peur mais ce sont des rêves forts en émotion qui correspondent à une situation de vie intense. Il serait dommage de confier leur interprétation à un dictionnaire des rêves qui ne tiendrait pas compte de leur dimension émotive.

-> Pour aller plus loin, je vous suggère cet article : Un dictionnaire des rêves : est-ce utile ?

Trois exemples de rêves pour avoir une idée l’étendue des possibilités de signification pour ce symbole

J’ai choisi ces deux rêves pour vous montrer à quel point rêver de serpent peut avoir des explications diverses et même contradictoires, selon les rêveurs et leurs situations.

Plusieurs serpents dans le rêve de Loïc

 » Loïc voit en rêve un gros serpent devant chez lui. Il n’en a pas peur. Il prend une hache et lui coupe la tête. D’autres serpents arrivent. Il coupe la tête de quatre autres serpents. Alors arrive un dernier : il est rouge, plus fin, plus rapide. Celui-là lui fait peur. Loïc court se réfugier dans sa maison. « 

L’analyse du rêve de Loïc montre que chaque serpent représente un projet soit qu’il sabote, soit qu’il a du mal à circonscrire. En leur coupant la tête, il ne permet pas à certaines envies qu’il a de se concrétiser. Le premier serpent parle de projets artistiques et entrepreneuriaux. Les quatre suivants testent sa motivation. C’est le premier serpent qui s’est divisé en quatre, comme les étapes, les aspects de la mise en action.

Le dernier serpent, différent, est rouge. Il ne lui coupe pas la tête. C’est un projet lié à la « vie » qui se fait sa place et l’arrête, quoi ce que ne soit pas encore tout à fait conscient. Loïc a envie d’être père mais il a des craintes naturelles : il ne tue pas le serpent, il se replie.

Nous voyons ici qu’un rêve apparemment inquiétant – 5 serpents dans le jardin tout de même – est en fait plein de vie et de projets ! Loin de l’idée qu’on peut s’en faire en apparence. D’où l’intérêt d’analyser d’une analyse en profondeur. Rêver de serpent est toujours déstabilisant. C’est un symbole complexe et sans une analyse sérieuse on risquerait bien souvent de tomber complètement à côté.

rêver de serpent
Les serpents sont aussi sur le sceptre d’Hermès Trismégiste

Un serpent biblique dans le rêve d’Elise

« Dans le rêve d’Elise, un serpent fin mais très long est sur son chemin tandis qu’elle se rend chez ses parents. Elle le saisit comme elle peut et voit ses dents. A un autre moment elle est dans une maison qu’elle ne connaît pas et jette le serpent par la fenêtre. »

La vie d’Elise vient d’être ébranlée par un drame familial. La folie a vraiment heurté sa famille de plein fouet. Le serpent ici c’est l’incarnation de cette folie qui serpente de manière pernicieuse dans l’esprit de quelqu’un. C’est le mal qui s’invite chez l’autre sans qu’on ne le remarque. C’est la difficulté de se rendre compte des obsessions qui envahissent le psychisme de quelqu’un… Jusqu’à la catastrophe.

Le rêve lui montre sa position actuelle : elle maintient le serpent et arrive à le neutraliser et le regarder en face. Et de fait, elle est celle qui a le mieux compris ce qui s’est passé. Grâce à son intelligence intuitive et à son grand sens de l’observation et de l’analyse. Donc le rêve lui dit qu’elle est dans une phase où elle observe ce qui s’est passé (le visage du serpent de près et bien en face). En même temps le rêve lui montre son rôle à jouer au sein de sa famille : jeter le serpent par la fenêtre. C’est à dire être celle capable à la fois d’expliquer aux autres ce qui s’est passé, dans un premier temps. Puis dans un second temps d’être celle qui intime aux autres de ne pas chercher des explications ésotériques ou mystiques. Le mal doit rester derrière, le serpent être jeté par la fenêtre.

L’idée du rêve est bien qu’il faut éviter de regarder trop longtemps les malheurs du monde et les siens. Sinon on peut se faire « mordre » à son tour par de mauvaises pensées (dents du serpent sur lesquelles elle insiste à plusieurs reprises en racontant ce rêve).

Nous voyons qu’ici, le serpent représente le monstre, la pulsion de mort et aussi l’ensorcellement. Alors que dans le rêve de Loïc les serpents représentaient la pulsion de vie. Voilà pourquoi il ne faut pas négliger l’analyse, chaque détail compte lorsqu’on se surprend à rêver d’un serpent.

Un serpent qui ferait plaisir à Freud dans le rêve de Sylvie

« Dans ce rêve Sylvie est chez elle lorsqu’elle voit un serpent. Tétanisée, elle s’enfuit et se retourne pour le regarder à nouveau. Son beau-père lui brise la nuque avec une machette, sans parvenir à le décapiter. Sylvie le regarde, la gueule ouverte, dents apparentes mais hors d’état de nuire. Elle est soulagée et en même temps déçue de n’avoir pas réglé ça par elle même. »

Grâce à la série de rêves que Sylvie me confie, nous voyons clairement se dessiner une problématique d’ordre sexuel. Sylvie a un rapport compliqué à la sexualité. L’idée de l’intrusion, de « l’intrus » accompagne l’idée de partage de manière singulière. Ce blocage est bien plus profond. Le problème sexuel n’étant finalement que le symptôme d’un climat de méfiance vis à vis des hommes qu’elle garde depuis l’enfance sans parvenir à comprendre pourquoi. On a affaire à un processus de refoulement avec des « trous » dans le souvenir, elle qui pourtant a bonne mémoire.

Par la suite, Sylvie fera d’autres rêves qui vont nous montrer le chemin vers le souvenir refoulé. A l’origine sûrement de ce réflexe défensif qu’elle garde, et de sa manière de se protéger des hommes.

Pour aller plus loin : le serpent dans le délire de l’ayahuasca

Je ne peux terminer cet article sans vous raconter une anecdote qui n’est pas un récit de rêve, mais qui trouve un écho dans le concept jungien de l’inconscient collectif. Au cours d’un voyage en Guyane en 2014, avec escapade en pirogue sur le fleuve Maroni, on m’a parlé du rite chamanique de l’ayahuasca. C’est une plante dont la consommation encadrée par un chaman plonge l’individu dans un état hallucinatoire proche de l’onirisme.

La personne m’a raconté que parmi les hallucinations crées par la drogue, il apparaît souvent un serpent effrayant. Quand le serpent arrive, il faut l’accueillir même si on est terrorisé. Il est là pour purifier le sujet en quelque sorte. Elle même avait eu beaucoup trop peur et l’avait chassé.

J’avais mis cette expérience en parallèle avec la pratique de l’incubation et plus particulièrement telle qu’elle était pratiquée dans les temples d’Asclepios, en Grèce. Des serpents rampaient entre les dormeurs, accompagnant leurs rêves et donc leur guérison. C’est cette même vertu thérapeutique du serpent qu’on retrouve sur le bâton d’Hippocrate, emblème des médecins.

Vous voyez que rêver d’un serpent peut signifier des choses totalement différentes, alors ne faites pas l’erreur de prendre à la lettre la première signification qu’on vous servira.

N’hésitez pas à réagir, je serai heureuse de lire vos témoignages !

Faites de beaux rêves et notez-les !

Léa Le Gall


Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung

Voir la chaîne YT de Léa Le Gall


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Catégorie(s) : Le faux dictionnaire des rêves


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