Un bon psy va chez le psy

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L’instrument du psy est sa perception. Un psy va chez le psy pour prendre soin de ses outils de travail : sa conscience et son discernement.

Dans cet article, on va parler de la démarche loin d’être simple et évidente de pousser la porte d’un « psy », un professionnel de l’accompagnement psychologique. Pourquoi est-ce difficile ? Qu’est-ce qu’on y gagne ?

Qu’il soit psychologue, psychopraticien, psychanalyste, thérapeute, coach, psychiatre, sophrologue… J’en oublie! Le bon thérapeute est celui qui vous convient. Ainsi, dans un souci de clarté, j’utiliserai uniquement les mots « psy », « analyste » et « thérapeute » dans cet article pour désigner le praticien.

Je prolongerai la réflexion en expliquant mon opinion personnelle : un bon psy est un psy qui est lui-même en analyse.

psy va chez le psy
Le fils de l’homme, de René Magritte

Un psy pourquoi faire ?

Non merci, pas besoin!

Vraiment ?

Je vous partage ici l’extrait d’un échange très pertinent qui questionne la raison d’être de l’analyste.

D’« excellentes » raisons de ne pas consulter un psy

Pourquoi le dialogue ( -dia « à travers » -logos « la parole ») permet d’avancer plus vite à certains caps de la vie ?

Souvent, les gens ont peur de sauter le pas de démarrer une analyse. Ils peuvent tergiverser plusieurs années. Les raisons sont nombreuses.

Le drame des idées reçues

D’abord les préjugés communs et malheureux :

_ Je ne suis pas fou…

_ J’ai pas besoin d’aide.

_ Je sais ce que je fais.

_ Les psy, ils sont tous tarés…

_ Si je vois un psy, ça va aller encore plus mal…

NB : en début d’analyse en effet, la démarche en elle-même et les premières émotions extériorisées peuvent créer un état de faiblesse. C’est tout à fait normal, extrêmement logique et assurément transitoire.

Les réticences naturelles à aller voir un psy

Ensuite les craintes intimes et légitimes :

_ Me confier à un inconnu, je ne suis pas sûr(e) d’y arriver…

_ C’est une démarche qui m’engage tout entier(ère), donc une décision qui ne peut venir que de moi.

_ Je ne suis pas prêt(e).

_ Je crains de devoir revenir sur des souvenirs douloureux et d’en être déprimé(e)…

_ Je pense que je n’arriverai pas à faire confiance en l’analyste… à être sûr de l’authenticité de son empathie.

_ Je ne veux pas qu’on me juge.

_ Je vais certainement découvrir mes propres préjugés et croyances limitantes, or il est parfois plus confortable de continuer à faire avec.

psy chez le psy
La chambre d’écoute, René Magritte

La vrai question derrière tout ça

Et au milieu de tout cela , la problématique philosophique centrale qui sous-tend le scepticisme naturel autour du dialogue analytique :

_ Qui est-il(elle) cet(cette) thérapeute pour prétendre m’aider ? Si je n’y arrive pas par moi-même alors personne n’y arrivera… Car qui mieux que moi me connaît ?

L’inconscient : les limites de la connaissance de soi

Il ne faut pas oublier que d’un point de vue psychologique, dès lors qu’on admet l’existence de l’inconscient, alors on ne peut jamais affirmer qu’on se connaît soi-même de fond en comble.

Puisque une partie de notre fonctionnement est inconscient, par définition il nous échappe. Aussi l’affirmation selon laquelle on se connaît soi-même à 100 % est fausse.

-> Voir mon article sur la structure de l’appareil psychique pour rappel.

Alors comment faire pour mieux me connaître, mieux me comprendre ? Et donc mieux comprendre ma manière de vivre telle situation et ces émotions qui me submergent ?

En investiguant son inconscient de manière intelligente. En se faisant accompagner par quelqu’un qui est déjà passé par là. Par un professionnel qui a croisé connaissances théoriques (formations) et empiriques (en étant lui-même sur un travail d’analyse depuis plusieurs années).

C’est précisément là que l’analyste apparaît.

La magie du dialogue

Ce que l’analyste n’est pas

Il n’est pas quelqu’un qui donnerait des leçons ou collerait un diagnostic fataliste ni des étiquettes. Ou bien ce serait un analyste avec lequel je serai en désaccord.

Ce n’est pas quelqu’un qui prétend avoir une connaissance supérieure sous prétexte qu’il est doté d’une forte intuition. Ou sinon ça s’appellerait un magicien.

Ce n’est pas quelqu’un qui estime avoir suffisamment travaillé sur lui-même pour n’avoir plus à le faire jusqu’à la fin de ses jours. Sinon, c’est qu’il aurait choisi cette activité poussé par son ego, ce qui est certes paradoxal mais hélas courant…

Ce n’est pas quelqu’un qui s’autoproclame « sachant » en se suffisant de ses diplômes. Ce qui est bon à préciser car ni un psychiatre ni un psychologue n’est obligé d’être lui-même suivi par un psy au cours de son cursus universitaire… D’ailleurs même en début de carrière, très peu le font. Ce qui me révolte personnellement car à mon sens ça devrait être obligatoire. On peut avoir eu 18 de moyenne à la fac mais être pas mal névrosé, alors qu’est-ce que ça peut donner de bon en entretien clinique ?

Les bons élèves sont les psychothérapeutes et les psychanalystes, les psychopraticiens ainsi que les thérapeutes. Ils seraient les plus assidus dans le suivi de leur supervision. En effet, le travail sur soi a souvent précédé leur formation et il s’est poursuivi.

Ce que l’analyste est 

Il est celui qui ouvrira un espace, une bulle, une parenthèse quotidienne lors de laquelle la connaissance de soi est à l’honneur.

Il est celui qui observera l’individuation en train de s’épanouir. Un témoin apte à accueillir et à guider les phases traversées, les humeurs variables, les peines et les grandes découvertes.

Il est un chercheur qui poursuit toujours son exploration de l’inconscient : le sien, en analyse. Celui de ses clients, dans son travail. Mais aussi en lisant toujours et en diversifiant ses objets d’étude. En effet la culture est le lieu par excellence où l’on peut observer les constructions de l’inconscient collectif et ses progrès.

un bon psy va chez le psy
La décalcomanie, René Magritte

A travers la parole : traverser le verbe

Voici donc un extrait de l’échange qui m’a inspiré cet article:

« _ Individuation ne se rapporte pas forcement à individualité ( ce qui est propre à la personne) mais cela me parait contradictoire de faire appel à un tiers pour savoir qu’est ce que je suis vraiment. La réponse ne peut venir que de moi-même puisque c’est en moi seul que ce trouve les réponses. Ne prendrais-je pas le risque de décentrer ma recherche en écoutant les conseils d’un autre?

Dans un moindre risque, à moins que l’autre ne soit en réalité qu’un autre moi-même sur le plan de l’individuation si lui même est sur ce même plan? »

Ma réponse :

« _Oui en effet, le tiers qui peut être intéressant dans certaines étapes de l’individuation est en effet un « autre moi -même » avec qui partager son évolution ! Et non pas quelqu’un qui donnerait des explications froides »

Ainsi, pour jouer sur la sémantique du mot « dialogue », disons que l’échange avec cet autre, est un rendez-vous avec Soi. Pour observer, dans le miroir de l’altérité, le reflet du chemin parcouru et s’en réjouir sûrement… Jusqu’à ce qu’on ait atteint la destination ! Alors l’analyse a fait son temps, et le psy peut être remercié, il sera content de vous voir partir.

Ces psy qui vont chez le psy

Nous avons déploré que les psychiatres et les psychologues ne soient pas obligés d’être en thérapie dès le début de leur cursus… Ce serait pourtant un bon test : celui qui en viendrait à rejeter le processus et à ne plus se rendre en consultation ne serait donc pas apte à endosser la blouse du docteur. Non ?

Heureusement, il existe des professionnels consciencieux…

L’histoire sans fin de la supervision

Un analyste (/ psy / thérapeute) va chez son analyste.

Son analyste va lui-même chez son analyste à lui.

L’analyste de son analyste a lui aussi un analyste attitré qui est lui-même en analyse… etc etc.

Pourquoi?

Parce qu’on ne peut pas prétendre accompagner qui que ce soit si on n’est pas soi-même accompagné. C’est même la condition sine qua non.

psy va chez psy
Le prêtre marié, de René Magritte

Pourquoi tout thérapeute doit être lui-même en thérapie ?

Être en thérapie pour un professionnel de l’accompagnement est primordial pour plusieurs raisons:

_ Question d’éthique d’abord : faire soi-même ce qu’on conseille à autrui.

_ Question d’humilité ensuite : le thérapeute n’est pas infaillible et il peut se tromper. Etre en analyse permet de garder un regard lucide sur soi et d’identifier ses erreurs.

_ La psychologie et toutes les approches thérapeutiques sont concernées par le jeu du transfert et du contre-transfert. Le transfert c’est ce que le patient / client projette sur l’analyste. Le contre-transfert est ce que l’analyste projette sur le patient.

L’analyste doit maîtriser son contre-transfert afin de ne pas s’identifier à son client / patient, et rester autant que possible un miroir neutre. Ses émotions sont ses outils mais elles ne doivent pas créer d’interférence dans l’échange. Il doit s’effacer. Entendre des histoires intimes impacte énormément. Aussi il faut évacuer les affects reçus pour ne pas être surchargé. D’autant plus que le secret professionnel isole indéniablement.

Le thérapeute est un chercheur. La psychologie n’est pas une science dure, les vérités sont relatives et sans cesse à questionner. Il est nécessaire de s’offrir hebdomadairement ces temps pour soi, pour assimiler les découvertes du quotidien. Découvertes oh combien complexes étant donné qu’elles portent sur l’un des mystères les plus grands : l’énigme de l’humain.

N’hésitez pas à réagir à cet article, je serai heureuse de répondre à vos commentaires.

Faites de beaux rêves et notez-les !

Léa Le Gall


Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung

Voir la chaîne YT de Léa Le Gall


Publié le

Catégorie(s) : Psychologie jungienne


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