Pourquoi Rêve-t-on pendant notre Sommeil ?

Pourquoi rêve-t-on ? C’est ce qu’on se demande quand un rêve réveille en nous le besoin de comprendre, d’en parler. C’est aussi la question qu’on se pose lorsqu’un rêve nous réveille en sursaut. Ou lorsqu’on a honte d’avoir rêvé de quelque chose… Un rêve peut nous préoccuper toute la journée voir plusieurs jours… Certaines personnes me consultent pour comprendre un vieux rêve qu’ils ont eu il y a des années et qui continue de les préoccuper. Alors, pourquoi rêve-t-on ?

Dans cet article je tente de répondre simplement à cette question simple (ce qui en fait est compliqué, vu les préjugés tenaces de notre société face au rêve 😉 )

pourquoi rêve-t-on

Pourquoi rêve-t-on?

Beaucoup de gens croient que les rêves ne servent à rien. Qu’ils seraient le produit d’un cerveau engourdi par le sommeil, des résidus de pensée aléatoires et délirantes….

Cette croyance – « les rêves ne servent à rien et ne veulent rien dire » – est bien accrochée. A la question qui nous intéresse : pourquoi rêve-t-on? Ils répondent : « Bah pour rien! » comme si c’était normal et rationnel comme réponse. Or c’est plutôt l’inverse. Ca n’a rien de rationnel comme réponse. Une simple objection suffit : y a-t-il dans le corps des organes, des articulations qui ne servent à rien ? Est-ce que notre cerveau contient des zones inutiles ? Y a-t-il seulement une chose qui n’a pas de raison d’être dans le corps humain ?

Non, rien n’est inutile dans le vivant, tout a son rôle à jouer. Le rêve aussi. Le rêve participe au vivant. Rien n’existe pour rien chez l’être vivant, dans la nature. Donc le rêve n’existe pas pour rien. Logique non ?

« Ok, merci pour cet article et ta logique implacable Léa, très instructif… » Non, attends, la suite va te plaire ! Alors à ton avis, pourquoi-rêve-t-on si on s’entend sur le fait que le rêve n’existe pas pour rien ?

Le rêve est un agent actif de notre équilibre

Tout le monde s’accorde pour dire que le sommeil est nécessaire à la santé, à la vie. On a conscience que de la qualité du sommeil dépend la vigueur, la vitalité, l’humeur, la capacité à gérer ses émotions et les situations contrariantes de la vie. Mais aussi l’efficacité au travail, la gestion de l’organisation quotidienne, la rapidité intellectuelle…etc. Chacun sait aussi par expérience que bien dormir est le carburant indispensable à la bonne humeur. Et que les idées noires affluent en période d’insomnies.

Alors pourquoi persister à prétendre que les rêves ne servent à rien ? Les rêves sont des agents actifs de notre équilibre. Pendant que le corps se régénère, le psychisme aussi se régénère. Le corps se répare, élimine les tensions accumulées, cicatrise, guérit, assimile… En même temps, le psychisme analyse ce qui s’est passé, trie les informations, archive celles dont il n’a pas besoin dans l’immédiat et confie au rêve le soin de travailler sur les questions laissées en suspens. Voilà le job du rêve : le rêve bûche sur les questions restées sans réponse à la fin de la journée.

Le rêve est un fabuleux terrain d’entraînement

Les recherches scientifiques sur le sommeil de la seconde moitié du XXème siècle s’entendaient quant à l’hypothèse que le rêve pouvait participer à la mémorisation, aux apprentissages, à la gestion des émotions. Sans trop de preuves en réalité…

Aujourd’hui, les chercheurs en neurosciences ont découvert une nouvelle fonction du rêve qui semble bien être sa fonction principale : le rêve procède comme un terrain d’entraînement, pour nous préparer aux défis du moment. D’où la fonction d’anticipation relevée par Carl Gustav Jung et les interprètes de l’antiquité.

Et voilà qui en bouche un coin à Freud, lui qui a défendu pendant les 800 pages de son livre « L’interprétation du rêve » que le rêve ressassait le passé.

pourquoi rêve-t-on

Pourquoi rêve-t-on alors ? Pour élaborer des solutions!

Mais, me diriez vous, comment le rêve peut-il trouver des solutions alors qu’on ne les a pas trouvées soi-même en réfléchissant ? Précisément parce que le rêve ne réfléchit pas, le rêve est une expression de la pensée qui n’a pas été filtré par la réflexion, donc par le mental. Lorsqu’on dort, le lobe frontal, siège de la réflexion, est inactif. Le rêve est donc proche de la pensée dans son état premier, de la pensée brute. D’où son symbolisme fort qui semble crypter le message et qui a poussé Freud a y voir une tentative de déguisement du contenu psychique.

Aujourd’hui les connaissances de l’activité cérébrale pendant le sommeil ne donnent pas raison à Freud sur ce point non plus hélas… (je vais me faire tirer les oreilles par les psychanalystes freudiens et lacaniens moi).

Le rêve n’a pas l’intention de se déguiser pour échapper à une « censure » ainsi que le pensait Freud. L’absurdité apparente du rêve n’est pas un tour rhétorique que nous joue notre inconscient. Le rêve a l’air farfelu simplement parce qu’il survient dans un moment où l’activité cérébrale est modifiée par l’état de sommeil. Ainsi, les connaissances actuelles sur le rêve donneraient plutôt raison à Carl Gustav Jung, qui n’était pas d’accord avec cette idée de Freud d’un désir refoulé qui se déguise en rêve. Jung au contraire pensait que le rêve était une forme d’expression primitive de la pensée, n’ayant pas accédé à la conscience du sujet.

Le rêve se dérobe à la réflexion et nous relie à notre intuition

Le rêve recherche des solutions dans son terrain d’entraînement cérébral si je puis dire. Mais pour autant il ne « réfléchit » pas. Comment peut-on élaborer des solutions sans réfléchir, me diriez-vous ?

Réfléchir c’est notre truc en tant qu’humain. On fait ça toute la journée. Mais pas pendant la nuit ! Quand on réfléchit en fait on raisonne, on utilise des raisonnements, c’est une activité qu’on ne peut faire qu’en étant éveillé car lorsqu’on sombre dans le sommeil, le lobe frontal, siège de la réflexion, s’endort lui aussi. La réflexion est donc hors jeu pendant le sommeil mais la pensée ne cesse pas, l’activité cérébrale ne cesse pas : sinon cela signifierait qu’on est mort.

Ainsi pendant le sommeil la réflexion laisse la place à d’autre formes d’intelligence qui lui sont complémentaires : l’intelligence intuitive, sensitive et émotionnelle. C’est la raison pour laquelle j’accorde beaucoup de place également aux émotions et aux sensations qui surviennent en rêve dans mes consultations. Derrière le rêve, c’est l’intuition, la sensation et l’émotion qui travaillent en secret, en coulisse, la nuit, au service de la raison. Le sujet bénéficie donc d’un entraînement mais sur un plan autre que celui du raisonnement et de l’activité physique.

Le rêve permet une synthèse

On ne cesse pas de penser la nuit, contrairement à ce qu’on a cru pendant des siècles, avant qu’on soit en mesure de capter les ondes cérébrales. Dans la mesure où le rêve est la forme nocturne de la pensée, le job du rêve est bel et bien de trouver des solutions aux difficultés que nous rencontrons. Difficultés matérielles, concrètes, d’ordre pragmatique. Et difficultés personnelles, intimes, d’ordre psychologique et relationnel. L’intuition en rêve va nous relier à notre être profond et nous donner un aperçu de la dimension inconsciente des problématiques que l’on traverse. C’est pourquoi l’interprétation des rêves est très utile en psychologie, en thérapie, et dans une perspective de développement personnel voir spirituel.

Deux cas de figure :

  • Premier cas : Le rêve trouve la solution et le Moi l’accueille.

→ La solution du rêve est donc intégrée et le sujet la mettra en place spontanément. Dans ce cas on n’a pas besoin de se souvenir du rêve, le processus se fait naturellement. C’est le cas de la majorité des rêves, sachant qu’on peut rêver jusqu’à 5 ou 6 fois pas nuit. On se réveille d’ailleurs souvent plus dispo à trouver des solutions à des sujets qui nous contrariaient la veille. D’où l’adage : « la nuit porte conseil. »

  • Deuxième cas : Le rêve propose une solution mais le Moi s’y oppose.

→ Pourquoi ? Parce que le rêve qui est « sans filtre » peut bousculer les croyances du rêveur. Les croyances, les préjugés, la perception, les habitudes de pensée de l’individu vont être perturbées. Le rêve l’oblige à changer sa manière de percevoir les choses, sa manière de se positionner. Le rêve lui demande de grandir. Il va devoir réagir, c’est à dire agir autrement, donc sortir de sa zone de confort, en un mot : changer. Changer subtilement, dans son attitude, dans son regard sur les choses, dans ses actions, pour évoluer. Le Moi, habitué à sa zone de confort, prend peur face aux changements annoncés, et la solution du rêve reste bloquée dans l’inconscient.

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Pourquoi rêve-t-on ? Pour débloquer une situation!

Heureusement, la nature est bien faite. Il nous reste une opportunité pour mettre en place dans notre vie les conseils du rêve, et passer un cap difficile : nous nous souvenons de ces rêves là. Le problème c’est que si on s’en souvient… On n’y comprend rien ! C’est bien normal ! On est habitué à comprendre des messages formulés sur un mode rationnel, via le langage mis en mots. Le rêve parle une langue antérieure aux mots, et verbaliser son message est difficile. Ca s’apprend. C’est pourquoi il y a des spécialistes de l’interprétation des rêves depuis la nuit des temps. Aujourd’hui on appelle un thérapeute qui propose l’interprétation des rêves un onirologue.

Pourquoi rêve-t-on ? Parce qu’on a besoin de comprendre quelque chose

Il vous est tous arrivé de vous réveiller avec le besoin de raconter un rêve, le besoin de comprendre, un sentiment d’urgence parfois voire au contraire vous vous sentez choqué et incapable d’en parler. Vous vous demandez alors : mais pourquoi rêve-t-on si c’est pour passer une mauvaise matinée derrière ? Ce genre de rêve, et la réaction de surprise voire de gêne au réveil parle d’un problème qui n’a pas été résolu. Ni pendant le sommeil, ni dans la vraie vie. Selon leur intensité, les images du rêve peuvent vous harceler, revenir toute la journée.

Pourquoi ? Parce que ce genre de rêve exige d’être entendu. Ce genre de rêve exige d’être interprété. L’interprétation permet de comprendre pourquoi le Moi s’est braqué, ce qui est touché en vous, et donc de pouvoir travailler sur ces résistances. Les résistances sont ce qui protègent le Moi. Elles se sont construite en réaction à l’environnement afin de favoriser la cohérence de la personnalité de l’individu lorsqu’elle se construit. Mais lorsqu’on est adulte, on n’en a plus besoin. Alors à la question pourquoi rêve-t-on? On peut aussi répondre : pour grandir, pour nous libérer des résistances qui nous entravent inconsciemment, pour développer son plein potentiel.

L’interprétation des rêves va permettre d’accueillir le message de l’inconscient et de pouvoir enrichir le Moi. C’est aussi le bon point de départ pour un travail sur Soi, pour sortir de ce que l’on connait de soi-même, de ce qu’on donne à voir aux autres et se relier à ce qu’on est vraiment, ce qu’on veut vraiment. En psychologie analytique, cette attitude de développement personnel est appelée le processus d’individuation.

Pourquoi rêve-t-on plus à certains moments de la vie?

Dans la vie, il y a des périodes de turbulences, des étapes, des phases de changement. Ces périodes, plus ou moins inconfortables et douloureuses, impliquent de changer pour nous adapter à notre nouvelle situation. Dans ces moments-là on se souvient plus souvent de nos rêves. Parce que le chemin n’est pas un champ de roses, et que les difficultés, en général surviennent toutes en même temps (à l’image de la carte de la roue de la fortune dans le tarot de Marseille). Les changements en cours demandent à la personnalité de s’adapter, et le Moi, qui aime bien ses habitudes, n’est pas trop chaud pour troquer son ancien mode de fonctionnement contre un nouveau, plus adapté.

C’est pourquoi j’accompagne les personnes dans ces moments de transition où leurs rêves sont une mine d’information particulièrement intéressante pour les aider à évoluer et à avancer en conscience sur leur chemin, en découvrant à chaque pas, les ressources qu’elles portent en elles.

Dans le fond, « Pourquoi rêve-t-on ? » est une question philosophique

J’aime bien chercher la petite bête et partir dans un délire un peu philo. Parce que si je trouve super que la science commence enfin à reconnaître la pertinence du travail du rêve, on est nombreux à n’avoir pas attendu la science pour en être convaincu. Par expérience. Prouver scientifiquement c’est super mais faire l’expérience d’un phénomène qui touche à la nature de l’âme, c’est quand même autre chose. Ainsi pour terminer permettez moi d’aller plus loin et d’éplucher les couches spirituelles de cette question terriblement basique.

Pourquoi vit-on, pourquoi rêve-t-on?

Si le cerveau est l’outil qui nous permet de vivre, en tant que corps, en temps qu’esprit, en tant que psychisme. Ce n’est pas le cerveau qui produit le rêve, ni le cerveau qui produit les pensées. Le rêve, comme les pensées, proviennent du psychisme et comprendre scientifiquement l’activité cérébrale à l’oeuvre pendant le rêve nous aide à comprendre le comment, pas le pourquoi, pas le truc fondamental..

De même que l’amour, et toutes les émotions peuvent être observé par EEG, pour autant on ne sait pas d’où provient l’amour. De même qu’aujourd’hui, tout le monde ou presque admet l’existence de l’inconscient. Or l’inconscient n’est pas prouvé scientifiquement, encore moins sur un plan neuroscientifique : il n’y a pas de localisation de l’inconscient !

Et c’est pareil pour la Vie. On observe la vie mais on est incapable de reproduire la vie artificiellement : on peut l’étudier, pas comprendre “pourquoi la vie existe”. Il semblerait que la réponse à ces questions soient à rechercher plutôt du côté de la philosophie et de la spiritualité que de la science.

Pourquoi rêve-t-on, pourquoi aime-t-on, pourquoi l’inconscient… On en revient à la grande question : qu’est-ce que la Vie ?

Interpréter ses rêves donne l’occasion de réfléchir au sens qu’on donne à la vie

Ainsi, il est pas si intéressant en réalité de comprendre pourquoi rêve-t-on. Nous rêvons, c’est merveilleux. Je doute qu’un jour on puisse répondre scientifiquement à cette question au sens strict, et Michel Jouvet aussi. S’intéresser à ses rêves c’est découvrir la richesse de l’âme, entrer en communication avec notre inconscient, se relier à son intuition, donner du sens à sa vie. L’interprétation des rêves nous amène à affronter les grandes questions existentielles : pourquoi je vis, pourquoi je meurs, pourquoi je ris, pourquoi je pleure. Pourquoi je rêve ? Et donc finalement, science ou pas… Et bien on n’en sait rien ! Le rêve est un témoin de l’âme, une témoin de la vie, un témoin de la conscience. Mais qu’est-ce que la vie, la conscience, le rêve, et pourquoi ces choses existent ? On n’en sait rien. Mais on a le droit de se passionner pour ces sujets 😉

L’interprétation des rêves : une opération de décryptage

Interpréter un rêve est une opération de décryptage. En temps qu’onirologue, je vais tenter une métaphore pour vous donner une idée du job. Imaginez que vous deviez décoder un assemblage de symboles qu’on peut comparer à des hiéroglyphes. La signification de ces symboles dépend de leur agencement les uns avec les autres, et leur charge symbolique est différente selon le caractère et l’histoire du rêveur. Imaginez donc Champollion devant la pierre de rosette et dites vous que chaque rêve est une nouvelle pierre de rosette à déchiffrer de A à Z. A la fin c’est la pensée qui rationnalisera le message, mais au préalable, il y a plusieurs étapes de traduction et à chaque fois plusieurs niveaux de lecture possibles.

C’est pourquoi retenez vous d’ouvrir un dictionnaire des rêves : ils ne servent à rien. Si vous en doutez, je vous invite à découvrir cet article.

N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire, et à me poser vos questions. Je vous répondrai avec plaisir 🙂

Faites de beaux rêves et notez-les !

Léa Le Gall


Si cet article vous a plu, je vous invite à regarder mes vidéos sur Youtube à propos du rêve et de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung

Voir la chaîne YT de Léa Le Gall


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Catégorie(s) : Interprétation des rêves


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